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Coupe de pouce

Massimo Bortolini

1. Le Projet

2. Conseils pour une évaluation

2.1 Points de force

2.1.1 La perspective de l’ organisation
Le projet Ages et Transmissions part d’un constat simple et évident : on est vieux de plus en plus tard et longtemps et on est à la retraite de plus en plus tôt. Cela entraîne une perte certaine de compétences, qui sorties du marché du travail rémunéré ne semblent n’intéresser personne. Le projet a donc été de valoriser tout un savoir-faire et un ensemble de compétences dans le champ scolaire.

La rencontre entre ces bénévoles et un public d’enfants étrangers ou issus de l’immigration s’est faite par hasard, à la demande d’écoles qui connaissaient des difficultés avec leurs élèves. Ce défi n’a pas arrêté les initiateurs du projet.

Les évaluations, réalisées annuellement, indiquent que l’ensemble des bénévoles est intéressé à ce type d’intervention. L’approche particulièrement intéressante d’intervenir sur la dimension relationnelle – prendre la place (symbolique) du parent ou du grand-parent – pour améliorer et faciliter l’apprentissage semble être une réussite.

La dimension interculturelle du projet – qui n’était pas au départ une priorité, mais est devenue centrale aujourd’hui – recouvre non seulement les relations entre bénévoles belges et enfants étrangers ou issus de l’immigration, mais aussi celle de l’intergénérationnel, comme variable de cette interculturalité : entre les différents intervenants il y a parfois aussi une génération d’écart ; les différentes cultures professionnelles en présence. Cette dimension non prévue au départ devenue centrale fait désormais partie de ce qui est entretenu, notamment dans la formation continuée des bénévoles et des supervisions et échanges de pratiques auxquelles ils participent.

En synthèse, on s’intéresse autant à la dimension symbolique de la figure du « vieux » qui accompagne un enfant dans sa socialisation qu’à la lecture comparée des contes ou encore qu’aux valeurs affichées par les acteurs (écoles, bénévoles, jeunes, enseignants), et ceci sans a-priori qui ne soit vérifié et travaillé.

Une des force du projet et de l’association est les services proposés aux bénévoles pour qu’ils puissent améliorer leurs interventions : formation initiale pour les nouveaux bénévoles, formation continuée, échanges de pratiques, supervision et évaluation, accompagnement et présentation des nouveaux bénévoles dans les écoles, parrainage des nouveaux par les anciens, matériel didactique.

Ce qu’il faut souligner, de notre point de vue, est le travail effectué avec les bénévoles autour de la gestion des émotions et de la distance à maintenir dans la relation avec les enfants. Les témoignages des uns et des autres (voir documents d’évaluation) permettent de se rendre compte que c’est beaucoup autour de l’affection, des sentiments, des émotions etc. que cette rencontre suscite.

2.1.2 La perspective d’Interculture map
L’action interculturelle telle qu’elle a été précisée par les partenaires rencontre le projet d’Ages et Transmissions sur différents points et à différents niveaux :

l‘action telle qu’elle est développée par l‘association favorise la reconnaissance de l’enfant provenant ou appartenant à un univers culturel différent ; si le projet est d’arriver à terme à favoriser l’intégration et la socialisation de ces enfants, cela se fait à partir de qui et de ce que sont ces enfants ;

avec la volonté de permettre un accès facilité à la langue, et par là une meilleure scolarité et à terme un accès aux études supérieures et à un emploi à ces enfants, le projet a parmi ses finalités de contrecarrer les inégalités sociales ;

les actions sont pluriannuelles, tant par la durée du subventionnement (5 ans) que par les contrats passés avec les écoles.

Concernant l’aspect « bonne pratique », il est important de souligner que le projet présenté ici n’était pas un projet autour d’une action interculturelle, mais qu’il l’est devenu, en bonne partie, par hasard, mais que la volonté de travailler cette dimension a été rapidement et activement prise au sérieux.

Au niveau interne, le projet Ages et Transmissions contient le souci de connaître la situation où se déroule l’action. Pour le champ scolaire, c’est relativement simple, car la plupart des bénévoles sont d’anciens enseignants. La situation des enfants étrangers ou issus de l’immigration dans l’école et la dimension interculturelle a fait l’objet de formations spécifiques, d’interventions de spécialistes ou de rencontres. Les formations et les évaluations font ainsi parties intégrantes de ce à quoi s’engagent les personnes qui désirent s’investir dans ce projet.

Au niveau externe, le projet Ages et Transmissions a recours à des spécialistes et experts extérieurs, notamment dans le cadre des formations. Au niveau des effets que l’action a entraînés, ce qui ressort des évaluations et des témoignages des différents intervenants (bénévoles, enseignants) concerne le regard positif que les enfants portent sur eux-mêmes suite à l’intervention des aînés bénévoles, regard positif qui a une influence certaine sur l’apprentissage scolaire.

Cela pourrait sembler minime. Il faut rappeler ici que le projet initial de l’association n’était pas une action interculturelle, mais que cette dimension est apparue en cours de projet, et que l’attention qui y est portée ne cesse d’augmenter ; le financement par le Centre pour l’Egalité des Chances et la Lutte contre le Racisme, à travers le Fonds d’Impulsion à la Politique des Immigrés (FIPI) en est un indice.

2.2 Points critiques

2.2.1 La perspective de l’ organisation
Les points critiques du projet résultent grandement du type de projet et de son succès, mais aussi du contexte dans lequel ce projet prend place.

Le projet fonctionne grâce à l’investissement d’aînés qui disposent de temps à consacrer à aider des enfants en difficultés scolaires. Ces personnes disposent de temps, mais ce sont des personnes dont le profil est celui de personnes très actives et très occupées, c’est-à-dire qui, pour bonne part, qui n’ont pas beaucoup plus de temps à consacrer à cette activité. Ce sont aussi des personnes qui vieillissent. Il est donc nécessaire de trouver de nouvelles recrues. Ce recrutement se fait via les petites annonces dans diverses publications et via le bulletin de liaison « Transmissions » de l’association. Le besoin de recrutement régulier est donc une donnée essentielle de la réussite du projet.

Actuellement, une quinzaine d’écoles sont touchées par le projet. Il serait difficile, aujourd’hui, de faire davantage, faute de moyens humains et financiers. De même, dans ces écoles, qui bien souvent compte une population scolaire composée quasi exclusivement d’enfants étrangers et issus de l’immigration, il est nécessaire d’opérer des choix, toutes les demandes ne peuvent être satisfaites, que ce soit concernant le choix des classes que le choix des élèves dans les classes.

2.2.2. La perspective d’Interculture map
Si l’on reprend les différents critères adoptés par les partenaires du projet, les points critiques que pourrait présenter le projet concernent au niveau interne, la mesure des changements obtenus, car l’amélioration éventuelle dans les performances scolaires, qui rappelons-le ne sont pas la priorité du projet, peuvent être le fait de causes multiples. Au niveau externe, ce qui serait le point faible de ce projet est l’implication des communautés d’immigrés dans le projet, mis à part les enfants, ceux-ci sont absents. Tous les bénévoles sont belges, aucun n’est proche d public avec lequel ils travaillent. C’est une lacune formelle, mais qui s’explique par la nature de l’association : le projet mobilise des personnes relativement âgées capables d’aider des enfants dans leur parcours scolaire et ce n’est pas une association de quartier avec un ancrage humain local. Le financement, s’il n’est pas remis en question actuellement, est tributaire des choix qui s’opèrent dans l’éducation. Les priorités concernent la violence scolaire, et essentiellement le niveau secondaire, et l’état général des infrastructures scolaires. Les choix pédagogiques, même s’ils sont régulièrement questionnés par les professionnels fait surtout l’objet de propositions et de textes législatifs qui s’accumulent. Il est patent que parmi les source de financement aucune ne provient du Ministère de l’Education, en tout cas directement. La capacité d’influer le niveau politique et législatif est faible.

2.3 Conclusion : ce qui est "exportable" dans le projet

2.3.1 La perspective d’ Interculture map
Ce projet est intéressant à plus d’un titre. Ce qui est assez remarquable dans celui-ci ce sont les rapports que les bénévoles – tous belges – ont développés avec les enfants. En effet, les témoignages, repris dans les évaluations et relayés pas la coordinatrice lors de notre rencontre, montrent des personnes qui ne connaissaient pas le public avec lequel elles allaient travailler, voire envers lequel elles avaient (ou ont toujours… ) des préjugés ou des croyances limitatives. Le rapport particulier que le projet installe entre les acteurs (1 à 3 enfants maximum), les formations, les supervisions, les échanges de pratiques, tout cela leur a permis (ou leur permet) de vouloir aller plus loin dans la connaissance des enfants et de leur environnement lointain ou proche, et de vouloir travailler la dimension interculturelle des relations, en ce y compris la remise en cause des valeurs. C’est un travail sur soi en permanence, qui trouve dans l’encadrement un réel soutien.

La figure de l’aîné, du sage, du grand-parent est utilisé comme ressource, comme ressort à un travail destiné à permettre à intégrer ceux qui ne possèdent pas toutes les clés pour le faire : la confiance en soi, l’estime de soi et la reconnaissance sont la conséquence de cette relation privilégiée. Cette figure est dévalorisée, alors que traditionnellement, c’est une figure centrale dans la construction de l’individu. L’intergénérationnel fonctionne sur ce canevas : retisser des liens qui se sont distendus au fil des années. Mais sur ce canevas, Ages et Transmissions a ajouté une dimension supplémentaire d’empathie réciproque.